Pom pom pom poom…

Beethoven

 

Si je vous dis « Beethoven », à quoi pensez-vous immédiatement ? La musique classique, la surdité, les cheveux ébouriffés de son portait le plus célèbre, les coups du destin frappant à la porte ? Pom pom pom pooom ! 

Alors que nous commémorons le 250e anniversaire de sa naissance, c’est l’occasion de se pencher un peu plus sur ces 4 premiers accords de la  5e Symphonie! Parce qu’ils racontent une longue histoire passionnante de rebondissements.

 

Lors de la 1e audition de cette symphonie, en décembre 1808 à Vienne, la critique ne retient rien qui vaille la peine. Ludwig van Beethoven, déjà presque entièrement sourd,  accuse le coup : il voit son travail de composition très mal accueilli. Il faut dire que les conditions étaient loin d’être réunies pour pouvoir apprécier le concert : salle mal chauffée, orchestre mal préparé… Un désastre ! Autant dire que ce soir-là, personne n’aurait cru que ce morceau serait connu de tous quelques dizaines d’années plus tard ?

C’était sans compter sur l’intervention élogieuse d’Ernst Theodor Wilhem Hoffmann, en 1810 : « C’est irrésistible comme cette magnifique oeuvre transporte l’auditeur à travers des climats grandissant jusqu’au royaume spirituel de l’infini ».  Difficile de faire plus dithyrambique !

Au point que ces mystérieux Pom pom pom pooom initiaux finissent par susciter d’abord une curiosité intriguée, puis un véritable engouement ; et chacun d’élaborer son interprétation sur ce motif dont Beethoven lui-même aurait entretenu le mythe, déclarant : « Ainsi, le destin frappe à la porte ». De quel destin s’agissait-il ? L’énigme reste entière.

D’ailleurs, garder une part d’ombre peut être un bon pari pour la postérité…à en croire en tout cas les innombrables reprises, comme dans le 2ème mouvement  du Requiem allemand de Brahms ou dans la 5ème symphonie de Mahler. Sans compter que cette entrée fracassante de la symphonie, par un détour dans la langue morse, a insufflé sournoisement les conditions de la victoire de la résistance durant la 2nd guerre mondiale. Oui, rien que ça ! Effectivement, en langue morse, ces quatre coups – trois brefs et un long- transcrivent la lettre V, brandie comme symbole de victoire et réutilisé dans la radio de la résistance française. Autrement dit, c’est tout sauf la résignation face à la fatalité du destin qui frapperait à la porte !

 

Moralité : Si, tel Beethoven, vos œuvres ou vos idées demeurent d’abord incomprises, sachez que vous devez résister à la tentation de vous décourager, vous devez au contraire être votre premier fan, la première personne qui croit en vous. Puis persévérez. C’est de même que Beethoven encore a aussi lutté, sur un tout autre plan, par-delà la surdité. Dans une lettre à son ami violoniste Karl Amenda, datée du 1er juillet 1801, il écrit :

« … Oh, comme je serais heureux si mes oreilles étaient en bon état ! … […] Bien sûr, j’ai pris la résolution de me dépasser en surmontant tout cela, mais comment sera-ce possible ? … »

Prenons donc modèle sur la force résiliente de ce grand maître de la musique. Parce que oui, et se dépasser pour surmonter les difficultés, c’est possible. Le brillant avenir du « Pom pom pom pooom » l’a démontré.

 

 

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