Quand la justice fait des siennes

Le 22 décembre 1894, la France est une nouvelle fois déchainée. Le 22 décembre 1894 s’ouvre le procès et le jugement du capitaine Alfred #Dreyfus. Un épisode sombre qui dépeint la justice sous ses traits les plus noirs. Ce brave homme, on l’accuse, à tord (l’histoire nous le fera comprendra plus tard), de traitrise à la nation et de complaisance avec l’ennemi.

Il aurait transmis des documents militaires confidentiels à des autorités étrangères. La justice va vite en besogne pour désigner un soi-disant coupable qui l’arrange bien : Dreyfus travaille à l’Etat-major et a ainsi accès aux documents importants, il est Alsacien donc parle allemand (ce qui faciliterait sa correspondance avec l’ennemi) mais surtout il est Juif. Et dans le climat antisémite de cette fin de XIXe siècle qui gangrène l’armée et la société, cette accusation hâtive arrive à point nommé. Sauf que…c’est un coup monté ! Et le pauvre et docile Dreyfus devra seul en subir les conséquences, non sans avoir soulevé passion dans tout le pays, au point de fracturer la France entre deux parties qui vont s’entredéchirer : d’un côté, les partisans de Dreyfus qui soutiennent son innocence, preuves à l’appui, de l’autre les Anti-Dreyfusards qui fabriquent des faux sans vergogne et inventent des théories toujours plus farfelues pour ne pas perdre la face …

Jusqu’à ce que le grand écrivain VictorHugo, au sommet de sa gloire littéraire, prenne publiquement parti : « J’accuse », cette tribune acerbe publiée dans le journal L’Aurore, n’a pas fini de faire parler d’elle. Il utilise sa popularité pour faire justice quand la justice officielle manque à son devoir.  C’est un engagement que l’histoire retiendra. Un engagement qui, comme tout engagement, nécessite du courage ! Imagine : en prenant parti de manière si radicale, en même temps qu’il rétablit la vérité, il va forcément se faire des ennemis. Mais quand le besoin irrépressible de vérité surpasse toute autre considération, on s’avance et on en assume les conséquences. 

> Et toi, jusqu’où irais-tu pour défendre ton idée ?

A partir de cet acte de courage de Victor Hugo, il est devenu commun pour les intellectuels de prendre position dans le débat public. Bénéficiant d’une large audience, ces hommes d’idées exercent aussi une forte influence et on attend d’eux qu’ils se positionnent sur des questions politiques ou des problèmes de société.

> Penses-tu qu’il soit bon que les intellectuels s’engagent ainsi publiquement, ou devraient-ils au contraire ne s’occuper que de leur discipline ?

Aujourd’hui, on a l’impression que l’aura des intellectuels s’effrite. L’influence est passée aux mains des médias sociaux : incontrôlables, versatiles, chargés d’opinions plus passionnées que raisonnées, d’autant moins fondées que les éventuelles preuves en renfort de l’opinion sont si dangereusement manipulables et falsifiables.

> Et toi, Que crois-tu préférable : une société qui se rallie aux opinions d’un intellectuel auquel elle donne du crédit ? Ou une société dans laquelle chacun peut publier son opinion sur les réseaux sociaux mais c’est seulement la popularité de certains (assise sur d’obscures stratégies et algorithmes) qui assure une influence certaine ?

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