Démocratiser les sciences : voilà un enjeu on ne peut plus contemporain…Mais cette aspiration ne date pas d’hier.
Un 5 janvier, en 1665, apparaissait déjà cette préoccupation de compiler les avancées scientifiques et les découvertes techniques, de la chimie à la physique en passant par des arts et lettres, pour mettre cette somme de connaissances à disposition des gens de lettres. En diffusant les nouveaux progrès des sciences, cette petite gazette accroit considérablement la vitalité de la communication au sein de la communauté des lettrés européens. La première revue scientifique naissait : c’était le « Journal des sçavans » (à l’orthographe encore instable, mais qu’importe !) Elle existe d’ailleurs toujours aujourd’hui, mais elle se fond parmi près de 24 000 autres revues scientifiques de par le monde. L’abonnement à ces revues coûte très cher…si cher que bien des universités ont du mal à se permettre de telles dépenses. Même Harvard, l’université la plus riche du monde, ne peut se donner les moyens de s’abonner seulement à la moitié des publications. Le monde de la recherche est-il encore si cloisonné ? Si élitiste ? Pourtant, thésards et chercheurs préféreraient sans aucun doute que leurs écrits ne restent pas lettres mortes, au fond d’un recueil que quasiment personne n’ouvre, ou bien seulement à l’occasion. Quoi ! Tant de sueurs, de doutes, d’hypothèses, de reprises, pour mourir entre deux autres publications à l’abandon. L’heure a donc sérieusement sonné, chers chercheurs, de devenir vulgarisateurs et de communiquer le fruit de vos trouvailles au grand public non averti. Il en va de notre démocratie. Pourquoi ?
La démocratie fait de plus en plus appel aux experts. Observez seulement comment se passent le traitement des crises sanitaires (Covid19) ou des dilemmes éthiques (controverses sur la laïcité) et l’expertise détient souvent de fait une forme de pouvoir politique. L’importance accordée aux analyses scientifiques et aux avis d’experts dans la prise de décision politique éloigne aussi en même temps les citoyens des processus délibératifs. Face à cette « expertisation » de la démocratie, l’enjeu est de démocratiser l’expertise, mais par quels moyens?