Le 7 janvier 1841, tout juste élu à l’Académie Française, Victor Hugo devient de ce fait immortel. Bon, entre nous, il n’avait pas besoin de l’Académie pour être immortel dans nos mémoires, car s’il est bien UN écrivain français de renom, c’est bien lui que l’on cite en général en premier. Mais étant élus à vie, c’est le nom qu’on donne communément aux Académiciens.
Ce jour-là, avant de prendre place au fauteuil n°14 qui lui est désormais assigné, Victor Hugo réaffirme sa règle, sa loi, son principe et son but: « Dévouer sa pensée au développement continu de la sociabilité humaine ; avoir les populaces en dédain et le peuple en amour » et par là même, prendre toute la mesure et la responsabilité de sa liberté.
Plus loin honore-t-il la puissante influence de l' »Académie française en perpétuelle communion avec les esprits spéculatifs par ses philosophes ; avec les esprits pratiques par ses historiens ; avec la jeunesse, avec les penseurs et avec les femmes par ses poëtes ; avec le peuple par la langue qu’il fait et qu’elle constate en la rectifiant. Vous êtes placés entre les grands corps de l’État, et à leur niveau, pour compléter leur action, pour rayonner dans toutes les ombres sociales, et pour faire pénétrer la pensée, cette puissance subtile et, pour ainsi dire, respirable, là où ne peut pénétrer le code, ce texte rigide et matériel. Les autres pouvoirs assurent et règlent la vie extérieure de la nation, vous gouvernez la vie intérieure. Ils font les lois, vous faites les mœurs. »
Peut-on en dire autant aujourd’hui quant à l’utilité de l’Académie? Se fait-elle encore le miroir des esprits les plus éclairés en toute indépendance vis à vis des jeux de pouvoirs? Se fait-elle le porte-parole de la vitalité de la recherche? Est-elle en symbiose avec la jeunesse?
Je vous laisse en juger.
Il serait peut-être bon de remettre à l’heure les pendules et de dépoussiérer cette vieille institution au fond assez méconnu du grand public.