Mascarade du bonheur

Du rire à l'inquiétude

Le clown a le cœur gros derrière son sourire angélique. Il nettoie sa peine et se cache derrière son nez rouge. Son métier le lui commande : porter le masque d’une apparence joyeuse à toute épreuve, c’est contractuel. Pas le droit de montrer la moindre émotion négative ou triste. 

Mais est-ce que cette attitude « contractuelle » s’arrête aux portes du chapiteau ? Est-ce seulement valable pour le clown ? 

La société n’attend-elle pas de toi que tu n’exposes que ta positivité ?
Le monde n’est-il pas un grand cirque dans lequel chacun de nous se devrait de porter le masque de la positivité ?
Sur les réseaux sociaux, dans les publicités, à l’école, au travail, n’attend-on pas toujours de toi que tu déploies une énergie positive en toute circonstance ?

Tout se passe comme si, en effet, les émotions tristes, la colère, l’ennui, etc. devaient être réfrénées dans l’espace public, si bien que nous ne serions plus la même personne avec le monde extérieur que dans le confort de notre foyer, après avoir déposé le masque à l’entrée, juste après avoir passé le pas de la porte.

Interlude de faux-semblants théâtraux

N’est-ce pas entre autre ce travestissement de notre authentique moi que souligne en filigrane Marivaux avec un trait d’humour grinçant, quand il fait dire dans la bouche de la soubrette Lisette, dans Le Jeu de l’amour et du Hasard, qu’ « Un mari porte un masque avec le monde et une grimace avec sa femme ».

Sa gouvernante Livia s’inquiète en effet de l’éventuel futur mari, Dorante, que son père lui propose, en convoquant le souvenir d’expériences malheureuses :

« il promène partout ailleurs cette physionomie si aimable que nous lui voyons, et qui n’est qu’un masque qu’il prend au sortir de chez lui. »

« N’est-on  pas  content  de  Léandre  quand  on  le  voit  ?  Eh bien chez lui, c’est un homme qui ne dit mot, qui ne rit ni qui  ne  gronde  ;  c’est  une  âme  glacée,  solitaire, inaccessible ; sa femme ne la connaît point, n’a point de commerce avec elle, elle n’est mariée qu’avec une figure qui sort d’un cabinet, qui vient à table, et qui fait expirer de langueur, de froid et d’ennui, tout ce qui l’environne. N’est-ce pas là un mari bien amusant ? »

Une mascarade mondaine, un refoulement de nos émotions qui pourrait nous coûter cher.

Toute la pièce repose d’ailleurs sur cette dualité entre l’hypocrisie de la vie mondaine et l’authenticité des cœurs.

Livia décide d’échanger son habit avec sa femme de chambre, Lisette, pour observer à loisir son prétendant et espérer saisir la véritable personnalité. C’est sans compter sur le fait que Dorante a eu la même idée et se présente chez Monsieur Orgon déguisé en un serviteur nommé Bourguignon, alors que son valet, Arlequin, se fait passer pour Dorante.
S’ensuit bien entendu une succession de quiproquos loufoques pour nous public, complice de ce double travestissement. Silvia et Dorante s’étonnent de succomber aux charmes d’une personne d’un rang social inférieur, tandis que Lisette et Arlequin s’émeuvent de leur pouvoir de séduction auprès de celui/celle qu’ils croient d’un rang social supérieur. Lorsque Silvia apprend enfin de Dorante sa véritable identité, elle éprouve un vif soulagement. Toutefois, sans se dévoiler, elle décide de poursuivre le jeu à sa guise.

Dorante, s’il aime vraiment Livia, lui déclarerait-il son amour, quand bien même il la croirait servante ? Ou y renoncerait-il sous prétexte qu’elle n’appartient pas à sa classe sociale ? L’amour est-il plus fort que la condition sociale ?

Sans ce stratagème, les amants auraient-ils gardé le masque de la bienséance ? Cette mascarade semble les avoir amenés à lever le masque et à dévoiler plus naturellement leurs vraies émotions. Ce double jeu les a même attisées. Sans cela, ils s’en seraient tenus aux conventions, ils n’auraient pas eu l’opportunité d’explorer leur vraie nature et de se connaitre profondément.

  • Si alors on admet qu’on porte un masque avec le monde, et
  • si ce masque porte un sourire béat conforme aux conventions de bonheur ou de séduction que soutient la société ou les circonstances, quelles conséquences peuvent en découler ?

En jouant une mascarade aux autres, ne la jouons nous pas en premier lieu à nous-mêmes, au point de courir le risque de s’oublier soi-même ?

Le masque joyeux : pour le meilleur ou pour le pire ?

Objectif : faire émerger le questionnement, les présupposés, les objections, envisager des conséquences à l’aune de la narration des faits. Ceci n’est qu’une trame de discussion critique qui pourra prendre telle ou telle opportunité de développement à n’importe quel embranchement de la réflexion. Cette trame de discussion est librement inspirée du travail de META, basé sur les études de Eva Illouz.

Peut-on m'imposer d'être heureux?
Suis-je responsable de mon bonheur?

Walt Disney l’atteste et signe: le bonheur existe bel et bien et vient en général de l’extérieur. Après une recherche d’accomplissement tout au long du dessin animé, « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants » vient clore la quête au sommet de la gloire. Mais le happy end est-il représentatif de la vraie vie? Vouloir le bonheur, n’est-ce pas courir après une illusion?  Et ne faire en fait que rebondir de déboires en désenchantements? Il suffit d’avoir été abreuvé de l’univers psychotrope de Walt Disney pour que se développe cette croyance en cet idéal toxique du bonheur, ce sentiment d’avoir raté quelque chose… Mais alors, comment se fait-il qu’il ne vienne pas, ce bonheur? Ce n’est pas faute de ne pas nous avoir prévenu: « Le bonheur est un mythe inventé par le diable pour nous désespérer » déclare Flaubert, père du bovarisme: cette quête vaine du bonheur! Cet idéal empêche en effet de prendre dans le réel présent ce qu’il y a à aimer.

C’est pourtant à la mode de nos jours de prôner la psychologie positive : il faudrait afficher un optimisme permanent, ou à défaut, au moins simuler la joie pour taire la tristesse qui ne saurait s’inviter dans la vie mondaine. La souffrance s’en trouve délégitimée. Une personne qui se sentirait bien serait une personne bonne. Toutes les attitudes qui ne contribuent pas au bonheur sont présentées comme malsaines et inadaptées.

  • Pourquoi devrait-on essayer de toujours paraitre heureux?

Cette l’injonction au bonheur devient un système social et politique, aussi bien dans la vie individuelle que dans le travail. La « dictature du bonheur » s’institutionnalise : l’ONU décrète une journée du bonheur et du bien-être. L’OCDE et les entreprises créent leurs propres indicateurs du bonheur.

  • Peut-on mesurer objectivement le bonheur ?
  • Qui peut dire à quelqu’un ce qu’il doit faire de sa vie
  • Le bonheur peut-il se présenter comme un état permanent ?

Se jouant de notre obsession contemporaine pour la santé physique et mentale et de l’idéal individualiste par lequel chacun cherche à maximiser son plaisir individuel, cette pseudo-science du bonheur qu’est la psychologie positive veut implanter un idéal factice de bonheur chez nous et établit un lien de cause à effet entre bonheur et réussite individuelle.

  • Selon toi, entre bonheur et réussite individuelle, laquelle serait la cause, lequel serait l’effet ?

Pour la psychologie positive, le bonheur précède et conditionne la réussite, et non l’inverse. Notre valeur individuelle dépendrait de notre capacité à s’optimiser en permanence. Certes, ça se défend. Mais ce serait-ce pas trop insuffisant ? Quid des circonstances matérielles, de l’environnement social, du poids de l’inconscient, etc. ? Jouent-ils un rôle ? Qu’en penses-tu ? Ce business de l’industrie du bonheur compte sur notre auto-management émotionnel, notre capacité à nous motiver par un contrôle de son comportement quotidien. Mais en est-on vraiment capable ?

  • La responsabilité de ton bonheur peut-elle incomber à toi seul ?

Pour nous aider à y répondre, recherchons quels préjugés sous-tendent la psychologie positive:

-le sujet est libre de maitriser ses émotions et doit le faire
-Il n’y a pas d’obstacle comme l’inconscient entre sa volonté et lui
-Il y a des techniques faciles pour se contrôler et être heureux. 
-Leur efficacité est tangible et mesurable

Un masque pour cacher le désarroi?

Si chacun est libre et seul responsable de son bonheur, ce n’est pas, par conséquent, à la communauté de l’aider. Les psychologues positifs affirment que plus une nation est individualiste, plus les citoyens sont heureux parce qu’ils ont l’impression de pouvoir s’attribuer leur réussite plutôt que de la devoir à l’Etat. 

  • Quelles conséquences peuvent découler de ce principe ?

-Plus les inégalités sont fortes, plus les individus seraient heureux, dans la mesure où les inégalités seraient justement la preuve que dans ce système, rien ne serait joué d’avance et qu’on acquerrait sa fortune par le seul mérite.

-Partant, dans un tel système, pas de place pour la pitié (chacun est responsable de son sort, qu’il soit heureux ou médiocre) et l’empathie s’effriterait d’autant.

Objection ! N’y a-t-il pas un présupposé caché ?

  • Les inégalités de bonheur suivent-elles nécessairement les inégalités de revenus ?

Et Mark Twain de répondre : « les riches qui pensent que les pauvres sont heureux ne sont pas plus bêtes que les pauvres qui pensent que les riches le sont ».

La psychologie positive impose une exigence d’authenticité : l’injonction d’être soi-même et d’exprimer ses pensées véritables sans crainte, révéler ses talents pour renforcer son amour propre. Cette forme d’autopromotion factice prend son sens sur les réseaux sociaux où les utilisateurs cherchent la mise en valeur de soi pour réussir leur « personal branding ». Mais paradoxalement, y sont-il eux-mêmes ?

Par ailleurs, la valeur ultime prônée par la positivité réside dans l’épanouissement personnel : on rechercherait à développer les capacités authentiques de la personne

  • Quel présupposé se cache derrière l’idée de se révéler à soi-même ?

Tout se passe comme si l’individu avait un MOI profond dont il devrait s’évertuer toujours plus, à force de travail sur lui-même, à mettre au jour le potentiel

  • Quel paradoxe ?

La théorie est fondée sur une contradiction : il faudrait se conformer à une vision idéale et profonde de soi-même sans se défaire tout à fait de son incomplétude fondamentale, de notre état de non réalisation de soi qui nous incite à toujours nous améliorer.

  • Quelle conséquence ?

C’est un puit sans fond, on n’en a jamais fait assez. Il y a toujours un défaut qui peut être corrigé ou une qualité qui peut être développée.

Plongé dans une boucle sans fin d’insatisfaction qui nourrit notre insatiabilité de bonheur, on pourrait développer de nouvelles obsessions personnelles.

Imaginons à quoi ressemblerait cette happycracie en dressant une liste de ce que ce système implique!

  • Si on intériorise la responsabilité de nos échecs, on se culpabilise d’autant plus de ne pas réussir ; notre stress s’accroit, tant il faut constamment faire ses preuves et se vendre, pouvant nous mener au burn-out de la performance
  • Si on te juge sur ton masque social au lieu de te juger sur tes compétences à une tâche, n’est-ce pas une forme de violence d’être jugé sur ta personnalité ?
  • Si l’entreprise soi disant adapte le poste au salarié pour améliorer son rendement, il n’a aucune raison de de se plaindre ; au contraire il doit démontrer de la gratitude. Une gratitude fainte qui inhibe le malaise et nie l’importance de la contestation
  • Or faire semblant d’être heureux ou, pire, finir par s’en convaincre, revient à considérer qu’on ne peut pas améliorer le monde et qu’on se résigne plutôt à changer ses désirs et opter pour l’acceptation et la sérénité. C’est ce qui conduit ce système à prospérer dans un conservatisme alarmant, à l’instar du Bhoutan* où la « dictature du bonheur » considère toute réfutation comme nulle et non avenue au lieu de l’accueillir comme une occasion de remise en question et de progrès.

*le Bhoutan est ce pays qui a instauré un indicateur officiel de bonheur : BNB (Bonheur national brut) en lieu et place au PNB (produit national brut), indexant les politiques sociales au bonheur de la population, laquelle se trouve par ailleurs discriminée et encadrée d’une main de fer étouffant toute contestation.

  • Si la contestation salutaire n’est plus bienvenue, cela signifie que la pensée critique est disqualifiée également

Alors, « il est où le bonheur, il est où ? »

Il semble qu’imposer de porter le masque du bonheur est une forme de violence sérieuse qui n’en prend pas les traits traditionnels. Cette violence sévit sous forme de mascarade. Faisons un pas de côte pour nous rappeler du rôle de la musique contrainte utilisée dans un but répressif dans les camps de concentration, pour briser l’humanité des prisonniers.
Se montrer positif en toute circonstance n’est pas une bonne chose tant les émotions sont mêlées et ambivalentes. Il est impossible d’être heureux en permanence. Sur le long terme, intérioriser le contrôle pour se conformer aux attentes sociales peut faire naitre des frustrations, nous auto-contrôler finit par nous nuire. On ne peut pas se mentir indéfiniment. Les affects négatifs sont légitimes et doivent être reconnus plutôt qu’étouffés.

Baisser le masque joyeux et accueillir ses affects sans jugement

  • Et si, pour prendre conscience du masque social que nous portons souvent pour nous conformer à ce que la société attend de nous, nous avions recours au vrai masque de théâtre ?
  • Et si le masque théâtral n’avait pas justement pour fonction de nous autoriser à extérioriser qui on est vraiment, sous les traits du personnage que nous interprétons?
  • Si la sincérité des êtres perçait, paradoxalement, mieux à travers le jeu des masques? C’est en tout cas ce que semble nous révéler le « marivaudage ».
  • Et si le passage par le jeu d’acteur nous aidait à lâcher prise et auto-contrôle sur nos émotions ? Si, loin de les refouler, il les autorisait au contraire toutes, et dans toutes leurs expansions ?

L’archétype du personnage de la Commedia dell’Arte se prêt à merveille à l’exercice, tant le corps y prolonge l’état d’esprit et oblige l’acteur à incarner son personnage depuis les orteils jusqu’aux oreilles. Ce langage du corps permet d’exprimer et de comprendre les sentiments sans recourir à la parole et à l’expression faciale. Il donne à l’acteur une base pour travailler comme si le masque lui prêtait sa voix, son souffle. Mais derrière l’acteur, il y a bien l’homme. Un homme qui a appris à reconnaitre ses propres émotions pour pouvoir les jouer dans la peau d’un personnage bien distinct de lui-même, cette fois-ci.

Prenons connaissance des personnages de la Commedia dell’Arte. Notez bien leurs caractéristiques ; nous les interpréterons par la suite.

Arlequin

Brighella

Le Capitaine

Colombine

Dottore

Pantalon

Tartaglia

Récapitulons :

Etudiants avancés en FLE, à partir du niveau B1 ou B2, faites feu de tout bois : réinvestissez dans ce contexte les petits mots de cause et de conséquence pour expliquer le lien entre l’attitude physique des personnages et leurs caractéristiques psychologiques et sociales.

Observez ce modèle :

CAUSE/ Pantalon met ses mains croches en avant VU QU’il est toujours à l’affut de richesses potentielles qui se trouverait autour de lui.

CONSEQUENCE/ Pantalon veut toujours attraper ce qui est autour de lui DU COUP il met ses mains croches en avant

Bien, comme vous connaissez chaque membre de la Commedia sur le bout des doigts, êtes-vous maintenant prêts pour le jeu de la mascarade ?

Le participant A choisit une émotion parmi une large palette et l’impose au participant B, le narrateur.

Le narrateur B, se place face au public et invente une histoire courte, simple, dynamique, faite de suspense, d’action et d’évènements originaux qui permettront à l’émotion choisie par A de se développer progressivement chez les personnages de l’histoire  (si l’émotion est la peur, l’histoire pourra s’articuler autour d’un vol ou de l’arrivée d’un ennemi ; si l’émotion est la vengeance l’histoire pourra se construire sur une compétition sportive ou sur une affaire de justice) Le narrateur B pourra se faire aider des autres, observateurs, pour fabriquer une histoire à plusieurs voix.

Les participants C et D interprètent chacun l’un des personnages de leur choix, tiré de la Commedia, et déterminé à l’avance, et doivent simultanément exécuter tout ce que dit le narrateur. Pour cela, ils utilisent toutes les compétences gestuelles et corporelles propre aux personnages sélectionnés. Ils sont invités à nourrir leur personnage avec des éléments complémentaires à la narration.

Les participants C et D font appel à leur grande qualité d’écoute, pour se suivre et se construire l’un par rapport à l’autre, en contraste, de sorte d’être bien caractérisé. B aussi est invité à être attentif à leurs jeux pour mener les accompagner par son histoire de façon cohérente. C’est une co-construction à 3.

Le narrateur B arrête l’histoire avant le dénouement et laisse les participants C et D se rencontrer et dénouer l’affaire de façon improvisée, avec ou sans parole.

L’intérêt de ce jeu de scène est double:

-pour les étudiants de FLE, il contribuera à renforcer la confiance en soi et la créativité dans la langue cible, c’est-à-dire l’appropriation du français à travers des émotions personnellement ressenties.

-plus généralement, ce travail ludique pourra déboucher sur une enquête interculturelle entre les étudiants à propos de l’expression ou de la rétention d’expression des émotions, l’interprétation de leur signification dans des contextes culturels spécifiques, et la réaction sociale face à cette ou telle manifestation émotives.

 

Au Japon comme aux USA, on porte un masque social, mais je parie fort qu’il ne se manifeste pas du tout de la même façon.

Qu’est-ce que le masque social révèle à propos des attentes de nos sociétés culturelles diverses ?

Pourrait-on le considérer comme objet d’étude pour expliquer les quiproquos ou mésententes entre les peuples ?

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