Mars: violence ou renaissance?
Mars, dieu de la guerre, mais aussi mois de la renaissance de la nature. Curieuse coïncidence ! L’occasion d’analyser la relation possible entre guerre et état de nature.
-Penses-tu que les hommes sont naturellement portées à se faire la guerre, qu’il est « un loup pour m’homme » à l’instar de la pensée de Hobbes ?
-Ou au contraire, crois-tu que les hommes sont naturellement bons mais que c’est la société qui le corrompt, comme le soutient Rousseau ?
Frontispice du Léviathan, essai de Thomas Hobbes
Paix perpétuelle ou rivalités déguisées
L’occasion aussi de se demander si une « paix perpétuelle », telle que Kant l’appelait de ses vœux, est souhaitable ? Vouloir la paix à tout prix, est-ce un pari risqué ? Est-ce la porte ouverte à des prétentions d’ingérence sous prétexte d’un intérêt universel ? Mais l’ingérence n’est-elle pas une forme de violence ? Est-ce la perpétuation de l’état de tension et de domination par d’autres moyens ?
Tiens à propos, c’est aussi en ce moment la période des Jeux Olympiques d’hiver ! Sais-tu à partir de quand sont organisés des compétitions de ce type entre états ou entre cités ? Dans la Grèce antique, en 776 av. JC, débutent ces jeux, qui impliquent une période de trêve, l’arrêt momentané des combats entre cités grecques. Mais le sport ne serait-il pas « la continuation de la politique par d’autres moyens », pour reprendre Clausewitz ?
Ecouter: le nerf de la paix?
En tout état de cause, si tout conflit s’enracine par manque de bonne communication, on devrait en toute logique parvenir à un état de paix à partir du moment où on apprend à communiquer convenablement. Mais est-ce si simple ? Est-ce suffisant ? Et qu’est-ce que communiquer convenablement ?
Comment faire pour bien s’entendre ?
- Entendre, c’est d’abord un synonyme de comprendre, de ce même sens qui peut nous faire dire « j’entends bien tes propos, mais je ne suis pas d’accord ». S’entendre avec soi-même, c’est donc se comprendre, être à l’écoute de soi-même, reconnaitre et exprimer clairement ses besoins
- Puis s’entendre au sens réciproque, c’est écouter l’autre sans doute pleinement, en faisant taire sa répartie immédiate pour accueillir complètement la perspective légitime et les besoins de l’autre
- Mais comment se comprendre quand on a pour interlocuteur un peuple étranger ? Qu’en est-il quand on ne parle pas le même langage ? Suffit-il de se fier à la traduction calque (un mot égale un autre) d’un vulgaire dictionnaire bilingue pour comprendre vraiment un autre peuple ? Et qu’en est-il des intraductibles, ces mots qu’on ne cesse de (ne pas) traduire ? Ces mots sources potentielles de malentendus.
Mandela, ancien président de la république d’Afrique du Sud, n’a-t-il pas confier à ses camarades de prison qu’il est nécessaire de « comprendre l’ennemi, et donc de parler sa langue »? Mais encore faut-il admettre qu’une langue n’est pas une façon de différente de désigner les mêmes choses, mais que c’est d’abord un point de vue différent sur ces choses. Croire que des mots comme « justice » ou « liberté » se réfèrent au même contexte prétendument universel, c’est-à-dire qu’ils auraient le même sens pour tous, cela ne va pas de soi. Et c’est même un a priori, un présupposé dangereux. Il faut aller ainsi plus loin que les propositions sèches du dictionnaire et comprendre la manière dont l’autre, l’ennemi en particulier, utilise les mots, et peut tordre leur sens. Sinon, comment expliquer que certains appellent « terroristes » ce que d’autres nomment « résistants ». La langue est aussi une arme politique.
C’est ce que Thucydide déjà appelait déjà « la guerre civile des mots ». Et si les mots ont un pouvoir, c’est la première arme -non létale- qu’il nous est donner d’utiliser de manière pacifique pour percevoir le litige éventuel à travers la réalité de l’autre.
Compliquer l'universel
Penser que l’autre a nécessairement les mêmes besoins ou qu’il adopte les mêmes attitudes a priori que moi face à des situations similaires, penser que mes valeurs sont universalisables, si ce n’est universelles, et s’appliquent à lui pareillement, n’est-ce pas lui faire violence ? Et si je prenais le temps de vraiment l’écouter et d’entrer dans sa réalité, plutôt que de croire le comprendre en le faisant entrer de gré ou de force dans mes catégories de pensée habituelles ?
Pour s’entendre avec nos différences, compliquons l’universel (cf. Barbara Cassin)! Et faisons plus qu’entendre : écoutons ! Ecoutons pour com-prendre, prendre avec soi, faire sien une représentation étrangère, mais tout aussi légitime, de la réalité.
Et quoi de mieux que la musique, langage partagé s’il en est, pour apprendre à s’entendre, c’est-à-dire à commencer par bien s’écouter.
Clin d’oeil sur l’activité Perséide « Pax Mundi » (février-mars 2022)
On n’en parle quasiment jamais. On la définit souvent par la négative, par l’absence. La paix est absence de conflit, cessez-le-feu, suspension des hostilités. On parle plus aisément de ce qu’elle n’est pas, en l’opposant à la guerre, bien plus tangible. Peut-on définir la paix de manière positive ? Tentons le défi !
On établit bien des stratégies de guerre et des plans de batailles. Il nous faut un plan de paix. A toi d’en dresser la carte allégorique, à la manière de Mme de Scudéry dans sa carte de Tendre pour cartographier l’amour, ses étapes, et ses vicissitudes… Représente les dangers qui la menacent et les voies à emprunter pour les déjouer.
Ci-dessous sont mises à disposition l’éventail de chansons proposées grâce auxquelles trouver l’inspiration pour établir son plan de paix (cf. activité Perséide correspondante).
Enfant de paix
Enrico Macias – Enfants de tous pays
Hiroshima – Georges Moustaki
Barbara Göttingen
Daniel Lavoie – Ils s’aiment
Renée Claude – Tu trouveras la paix